Une crise comme celle de la COVID-19 présente de nombreux défis au niveau du leadership. Nous sommes face à une situation inédite. Il n’y a pas de solutions toutes faites, il n’y a pas non plus de balises le long de la route, pas de carte non plus pour nous guider. Les leaders du monde entier sont en train de se réinventer dans ce nouveau cadre.
Voici 7 principes que j’ai mis en pratique et qui pourraient vous aider.
1. Lever le pied et prendre le temps de comprendre ce qui se passe
Les leaders aiment par définition l’action, et une situation de crise requiert une action rapide et urgente. Mais, au milieu des inconnues d’une crise, il est essentiel de prendre le temps de bien comprendre la situation et les implications qui en découlent pour votre organisation.
Nous vivons dans une ère de surcharge d’informations et d’actualités 24 heures sur 24, il peut être difficile de faire la différence entre les fausses informations et les informations factuelles. Il est essentiel d’avoir des systèmes, des processus et des personnes autour de nous pour aider à filtrer les informations et à identifier les sources fiables. Tout comme la capacité d’un médecin à aider le patient dépend de l’exactitude du diagnostic, un leader a besoin des bonnes informations pour être en mesure de prendre les bonnes décisions. Veuillez éviter la tentation de faire ce que tout le monde fait ! Prenez le temps d’analyser les choses, de bien comprendre les tenants et les aboutissants, l’impact que tout cela a sur vous et votre organisation, puis agissez.
Dans un contexte aussi volatile que la pandémie actuelle, les objectifs changent constamment. Nous devons continuellement ajuster notre compréhension de ce qui se passe. Alors que le leadership nécessite généralement des réponses et des actions rapides, tirer avant de viser ou tirer parce que tout le monde tire, peut avoir des conséquences désastreuses. Alors, prenez le temps de comprendre ce qui se passe.
2. Ressentez les émotions
Les dirigeants opèrent généralement de manière logique, stratégique et avec des plans clairs. Mais dans une crise, les émotions et les sentiments prennent le pas sur la logique pour la plupart des gens. Cette disparité peut créer un fossé entre les équipes et les leaders. Il est important que les leaders changent de vitesse – si vous ne prenez pas conscience des émotions que ressentent les gens, vous ne pourrez pas les influencer aussi efficacement. Cela ne signifie pas que nous devons être d’accord avec leurs sentiments, mais nous devons les respecter et en tenir compte.
Il est aussi important que nous mettions des émotions positives en face des émotions négatives plutôt que de la logique et des stratégies. Les gens qui ont peur pour leur santé, leurs proches ou leur emploi ne sont pas à la recherche d’une nouvelle stratégie – ils veulent être rassurés par quelqu’un qui, selon eux, les «comprend».
3. Sur-communiquer
Dans une situation comme celle de la Covid-19, il est facile de penser: «Il y a beaucoup d’informations qui circulent, que puis-je ajouter qui ne soit pas déjà dit ?» En fait, c’est le moment de communiquer plus que d’habitude. En période d’incertitude, les gens ont besoin de voix familières et fiables, c’est pourquoi votre voix est essentielle pour les personnes qui vous entourent.
En situation normale, je rencontre mon équipe quatre fois par an – aujourd’hui on se retrouve une fois par mois. Cette réunion mensuelle est même devenue hebdomadaire. Et nous avons mis en place de nouveaux outils pour favoriser la communication.
La plupart d’entre nous aimons communiquer de bonnes nouvelles, mais le rôle d’un leader est d’être le porteur de nouvelles plus difficiles à annoncer. Ne compromettez jamais la vérité pour gagner les gens à court terme, car à long terme, la vérité sortira et les gens se sentiront trahis. Ne permettez pas à la positivité de brouiller les faits et la vérité. Le travail du leader est de dire ce que les gens ont besoin d’entendre, pas ce qu’ils veulent entendre.
4. Recadrer les questions
Pendant une crise comme celle de la Covid-19, les gens ont toutes sortes de questions et l’une des responsabilités du leader est d’aider à y faire face. Certaines questions doivent trouver une réponse, mais ne soyez pas victime de répondre à toutes les questions. Dans une situation difficile, les gens se tournent rapidement vers l’intérieur : comment cela m’affecte-t-il moi et ma famille ? Que se passe-t-il si je tombe malade et que je perds mon emploi, etc. ?
Bien que nous ayons besoin de rassurer et de réconforter les gens, il est important que les dirigeants recadrent les questions pour aider les gens à passer du regard intérieur vers l’extérieur.
Dans Jean 9 (la Bible), on a posé cette question à Jésus : « Maître, pourquoi cet homme est-il né aveugle : à cause de son propre péché ou à cause du péché de ses parents ? » La question avait pour but de rejeter la faute sur quelqu’un.
Remarquez que Jésus ne répond pas à la question. Au lieu de cela, il recadre totalement la situation avec cette déclaration: “Ce n’est ni à cause de son péché, ni à cause du péché de ses parents. Il est aveugle pour que l’œuvre de Dieu puisse se manifester en lui.”
Dans notre contexte actuel, de nombreuses personnes sont confuses et posent des questions telles que :
- Où est Dieu dans tout cela ?
- Pourquoi Dieu a-t-il permis cela ?
Bien que notre rôle est de les aider à répondre aux questions pertinentes de manière appropriée, nous pouvons également reformuler les questions comme cela :
Seigneur, que fais-tu à travers cela et comment puis-je me joindre à toi ?
Qu’essayes-Tu de me dire à travers cela ?
Qu’est-ce qui doit être changé en moi ?
5. Protège ton coeur
En tant que leaders, nous portons souvent en nous de grandes souffrances. De nombreux leaders ont dû licencier des employés au cours des dernières semaines; des personnes qu’ils aiment comme leur propre famille. Lorsque vous vivez des situations douloureuses, il est facile de se laisser submerger.
Oui, la blessure est réelle. Nous devons reconnaître la douleur, mais si vous la laissez pénétrer dans votre cœur et s’incorporer à l’intérieur de vous, vous ne pourrez plus être porteur de la vision. De la même manière qu’un bateau est prouvé par l’eau, les leaders sont éprouvés par les problèmes et la douleur. Mais, comme le bateau, nous risquons de couler si nous permettons aux problèmes et à la douleur d’atteindre notre coeur.
N’oubliez pas ces instructions qui sont données aux passagers d’un avion : veuillez ajuster votre masque avant d’aider les autres. Si vous n’êtes pas en bonne santé, vous ne pouvez aider personne. C’est pourquoi la Bible nous demande de garder continuellement notre cœur. Soyez un bon gardien et décidez de ce que vous laisserez entrer à l’intérieur. Si vous avez déjà laissé la douleur s’installer dans votre cœur, ne faites pas semblant – demandez de l’aide pour y faire face immédiatement.
6. Trouver des opportunités
Alors que certains pleurent encore les pertes, les leaders sont déjà à la recherche d’opportunités. Chaque crise crée de grandes opportunités qui sont parfois un peu cachées au milieu de tout ce qui se passe. En fait, le mot chinois pour «crise» comprend les deux caractères suivants : «danger» et «opportunité».
Nous ne pouvons pas partir du principe que tout sera identique et que les affaires reprendront comme d’habitude une fois la pandémie terminée. Je crois que beaucoup de choses vont changer et cela ouvre de nombreuses opportunités pour les leaders qui sont prêts. Les leaders qui sont assidus, qui ont des yeux pour voir, du courage pour s’adapter et une capacité à agir rapidement, pourront rebondir à l’avenir.
Comme l’a dit Winston Churchill, «Ne gaspillez jamais une bonne crise !» C’est une excellente occasion de remettre en question notre réalité, d’apporter des changements, d’élaguer le bois mort et de se préparer à créer et à profiter de nouvelles opportunités.
7. Reconnaître ses limites
La crise exposera les besoins et le manque d’une manière qui va certainement nous dépasser. L’ampleur des besoins peut dépasser nos capacités. Examinez vos responsabilités et n’oubliez pas que tout ce qui se passe ne dépend pas forcément de vous. Souvenez-vous que Dieu ne vous tiendra pas responsable de ce qu’il ne vous a pas donné.
Si les leaders ont besoin d’avoir confiance pour accomplir leur mission, nous devons également nous rendre compte que nous ne sommes pas «surhumains». Nous avons chacun des limites. En tant qu’individu, vous n’êtes pas appelé à résoudre tous les problèmes du monde. Vous devez donner la priorité à ceux dont vous êtes responsable et canaliser l’énergie vers eux plutôt que de devenir paralysé par tout ce qui se passe autour de nous.
Dans des périodes comme celle-ci, sachez que vous allez faire des erreurs, alors donnez-vous à vous-même et à votre équipe l’autorisation de le faire. Rassurez tout le monde en disant que vous et l’équipe ferez tout ce qui est possible et que vous allez donner le meilleur de vous-même, mais dites leur aussi que vous aurez besoin de leur compréhension et de leur pardon si vous ne parvenez pas à répondre à leurs attentes et si vous faites des erreurs.
En tant que disciple de Jésus, permettez-moi de dire que rien de tout cela n’a surpris Dieu et qu’Il a promis qu’il fera ressortir quelque chose de bien de tout cela.
Passons du temps dans la prière, c’est tellement important. Je vous exhorte à prier, à vous appuyer sur Dieu et à recevoir sa grâce et sa paix pour cette saison. Il nous a également invités à lui demander la sagesse dont nous avons besoin. Sachez que nous sortirons un jour de cette crise, et que nous serons des leaders plus forts et mieux équipés.

A propos de l’auteur
Jossy Chacko, Fondateur et président de Empart
Fondateur et président d’Empart, un ONG internationale qui travaille en Asie aux côtés de ceux qui sont dans le besoin. L’objectif d’Empart est de voir 100 000 communautés transformées d’ici à 2030 et est en bonne voie avec 31 000 communautés déjà atteintes. Empart c’est 9000 personnes aux services dans 9 pays, Jossy parcourt le monde pour inspirer et stimuler les leaders à avoir une vision plus grande inspirée par Dieu et à agir pour faire la différence. Jossy est marié à Jenni et vit à Melbourne, en Australie, avec leurs 4 enfants et 2 chiens.
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